On ne soupçonne pas l’importance de la mastication. Nous avons tendance à croire que mâcher est un acte mécanique destiné à envoyer les aliments dans l’estomac. C’est une erreur. Le broyage augmente la surface des aliments et les rend plus disponibles, il prépare la digestion et la rend plus efficace. Entre autres…
Dans le long déroulement digestif, la mastication joue un rôle fondamental. Ne pas mastiquer, ou mastiquer insuffisamment, peut compromettre l’ensemble du processus de digestion et priver l’organisme des nutriments indispensables.
L’expression « j’ai l’eau à la bouche », n’est pas une image
Dès qu’on voit ou sent un aliment, la digestion se met en route. Si un fruit nous fait envie, le cerveau envoie des messages complexes dans tout le tube digestif ; messages destinés à enclencher les processus de digestion imminente.
Puis, dans la cavité buccale, l’amylase salivaire brise certaines liaisons chimiques unissant les unités de glucose. Elle amorce ainsi la digestion des amidons (polysaccharides) pour les transformer en maltose (disaccharides) et maltotriose (trisaccharides). Parallèlement, si les papilles gustatives détectent un goût sucré par exemple, le pancréas reçoit un message du cerveau et débute la synthèse de l’insuline, nécessaire à l’absorption du glucose par les cellules.
Le broyage augmente la surface des aliments
Les dents sont responsables du concassage des aliments : ce broyage augmente la surface des aliments permettant à la salive et aux sucs digestifs de mieux agir.
Cette étape est d’autant plus fondamentale pour les substances difficiles à digérer tels les végétaux, du fait de leur membrane cellulosique.
Sans mastication suffisante des légumes, céréales ou fruits, la cellulose n’est pas déchiquetée. En conséquence, les nutriments qu’elle abrite ne seront pas disponibles pour l’organisme… Voici de quoi nous exposer à de sérieuses carences.
Longuement mastiquée, une carotte délivre davantage de béta carotène
Agnès Peyron, spécialiste française de la mastication, chercheure à l’Inra de Clermont-Ferrand, s’est appliquée à démontrer que longuement mastiquée, une carotte crue délivre une quantité accrue de béta carotène. Dans cet état, le nutriment est en effet mieux absorbé par l’épithélium intestinal. Une plus grande quantité est présente dans le sang.
La mastication prépare la digestion
Pareillement, la mastication permet à l’organisme de préparer la digestion stomacale. En effet, les papilles gustatives envoient des informations au cerveau sur la composition du bol alimentaire. Une fois les aliments en bouche, le cerveau déclenche la sécrétion de sucs digestifs adaptés aux aliments ingérés. Ceci avant même qu’ils pénètrent dans l’estomac.
Il faut souligner que la vue participe au processus. L’expression « j’ai l’eau à la bouche », n’est pas une image mais une illustration exacte de ce phénomène.
Si vous avez bien mâché, la digestion sera plus efficace
La salive provoque une digestion chimique des bouchées de nourriture. Si vous avez bien mâché, l’estomac sera donc plus efficace. Vous éviterez les sensations de ballonnements, voire de nausées qui apparaissent lorsque vous mangez trop vite.
En parallèle, il faut savoir que l’assimilation des oligo-éléments se fait aussi directement dans la bouche par le biais de petits capillaires qui permettent leur absorption. Ceux d’entre les lecteurs qui se sont soignés avec de l’homéopathie comprendront pourquoi il est recommandé de laisser fondre les granules sous la langue.
Une mastication complète permet donc d’apporter plus sûrement des nutriments ; avant même que la nourriture ne soit avalée.
Saliver réduit les douleurs dues au côlon irritable
L’incidence de la mastication se fait également ressentir par les intestins : une bonne insalivation réduit les douleurs dues au syndrome du côlon irritable ainsi que les colites et les ballonnements abdominaux. Ceci notamment grâce à l’action de la salive sur l’amidon. En effet, cette dernière contient une enzyme, la ptyaline, laquelle va pré-digérer l’amidon afin de le rendre assimilable par l’organisme. Si cette transformation n’a pas lieu, l’amidon fermente dans le gros intestin causant bien des inconforts.
Mastiquer constitue également une parade à la carie et un atout pour une bonne santé dentaire. En premier lieu parce que, la salive contient des carbonates et des phosphates qui sont stimulés par la mastication. Ces substances s’attaquent aux acides produits par la dégradation des aliments et directement responsables des caries dentaires.
La salive contribue à la réparation de l’émail
Par ailleurs, et si les dents ne sont pas trop abîmées, la salive contribue à la réparation de l’émail au premier stade de déminéralisation. Cette fonction réparatrice est liée aux ions qu’elle contient.
Pour faire bonne mesure, on ajoutera que la mastication joue un rôle dans la prise de poids. Plus on mastique, moins on mange vite. Sachant que la sensation de satiété se manifeste au bout de quinze à vingt minutes après l’ingestion d’aliments, on comprend qu’en mastiquant longuement la quantité de calories ingérée sera moindre. Tout en répondant aux besoins de l’organisme.